passants leurs thyrses dressées de fleurs blanches ou roses. Dans maints quartiers de New-Bedford, la toute-puissance de l’art a fait naître d’éclatantes terrasses de fleurs sur les arides déblais de roc jetés au rebut à la création du monde.
Et les femmes de New-Bedford, elles aussi fleurissent comme leurs belles roses rouges. Mais les roses ne fleurissent qu’en été, tandis que l’incarnat de leurs joues est perpétuel comme la lumière épandue dans le septième ciel. L’éclat de ces femmes-fleurs est inégalé, sauf à Salem, où les jeunes filles, à ce qu’on m’affirme, exhalent un tel parfum que les marins, leurs fiancés, les sentent de plusieurs milles au large, comme s’ils approchaient des Moluques parfumées au lieu des sables puritains.
LEURS AILES…
1er janvier 1931. — Le directeur de la prison de Phœnix, dans l’Arizona, faisant évoluer son auto dans la cour centrale de la maison pénitentiaire avant d’aller faire à l’extérieur, en compagnie de son jeune fils, sa promenade quotidienne, reçut sur son véhicule un aérolithe vraiment inattendu, sous la forme d’un prisonnier, nommé Raymond Slickler, qui avait sauté par la fenêtre de sa cellule.
Raymond Slickler appuya un poignard sur la poitrine du directeur en lui intimant l’ordre de sortir au plus vite.
Terrorisé, le directeur obéit, suivit ensuite l’itinéraire qui lui était indiqué pur le prisonnier, lequel se fit conduire au milieu d’une forêt voisine. Là il invita le directeur à descendre avec son fils.
Puis il se mit au volant et démarra en quatrième vitesse, La police de douze États de l’Union est à ses trousses.
New-York, 1926. — M. Cuvier G. Flint, petit-fils de M. John Fishe, l’historien bien connu, après avoir essayé sans succès, l’an dernier, de se vendre comme esclave, fut arrêté hier pour avoir dérobé des meubles anciens dans une villa estivale de Potersham.
Il nia son vol, mais n’en fut pas moins gardé à la disposition de la justice.
Flint, qui est le fils de Grower Flint, l’auteur de la Marche avec Gomez, publia en décembre 1924, dans un journal de Boston, une annonce ainsi conçue : « Esclave de race blanche, sain, robuste et aimable, demande situation dans famille aristocratique ; gages demandés : 1.000 dollars par an. »
1930. — L’Université de Chicago aura dorénavant un cours de psychologie et de « pratique criminelle » à l’usage des policiers. Le plus curieux est que certaines leçons seront données par des « professeurs » avant exploré à fond le domaine du crime : anciens bandits rééduqués ou simples voleurs que l’on fera sortir de cellule pour qu’ils puissent faire leurs cours. S’ils prennent cette tâche à cœur, leur peine sera considérablement diminuée.
1891. — Un grand et solennel débat va s’ouvrir devant les jurés de Chicago. Il ne s’agit de rien moins que de l’ancêtre de l’humanité, l’intermédiaire préhistorique entre l’homme et le singe, cher à la doctrine évolutionniste, va passer devant les tribunaux, ou du moins sa dépouille et voici comment. Il y avait à Chicago un certain Archie-K. Brower, qui était de sa profession, montreur de bêtes. Il était, de plus, darwiniste, Brower possédait la preuve de ses théories, et il montrait au public un être incertain et assez abruti, demi-homme et demi-singe, qu’il donnait pour anthropopithèque, ancêtre de l’espèce et transition entre l’homme et l’animal. Par malheur, ce darwinien était une brute. Et, un beau jour, il rossa si bien l’ancêtre que celui-ci en mourut. Et telle est la question qui se pose devant les juges. Si le défunt était un homme, Brower est coupable d’homicide ; si le défunt était un singe, Brower ne peut être poursuivi que par la Société protectrice des animaux, et condamné à des peines légères. Les anthropologistes se promettent un grand profit de la publicité qui va être donnée à leurs travaux. Ils espèrent voir reconnaître à l’homme-singe l’autorité de la chose jugée. Mais, dans ce cas, quelle peine appliquera-t-on ? Celle du parricide ? La jurisprudence reste muette, Les jurés, dont la religion à peine à s’éclairer, demeurent perplexes.
