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de la respiration (expiration complète), les côtes, physiologiquement redescendues, occupent de nouveau l’espace périmétrique plus restreint qu’elles interceptaient au début du premier temps. Ici encore, sous l’action des corsets inextensibles, en serrage permanent, ce mouvement ne peut s’accomplir entièrement. À la déformation thoracique signalée plus haut, s’ajoute donc une véritable entrave au jeu souple des articulations chondro-sternales, à l’inspiration et à l’expiration pulmonaires. L’étendue des mouvements respiratoires est ainsi gravement diminuée. Sous cette striction déformatrice, l’appareil pneumo-costal n’a plus son libre jeu dans les espaces normaux ; le diaphragme fonctionne à peine ; d’où une respiration moins profonde, plus rapide, moins oxydante du sang[1].

De ce vice de confection, de ce serrage circulaire, résulte encore une mauvaise circulation capillaire, et, à la longue, une atrophie marquée des muscles thoraciques, immobilisés, compressés par l’entrave irréductible appliquée tout le jour à l’appareil musculo-costo-respiratoire. Par suite, il se peut produire une dégénérescence de la fibre musculaire, un affaiblissement de sa tonicité, de sa résistance normale. À tel point que certaines femmes ne peuvent plus se soutenir sans fatigue, sans effort, sans douleur musculaire, quand elles sont privées de leur corset[2].

Devant de telles constatations, que restait-il à faire pour libérer absolument le système respiratoire, pour céder à l’ampliation thoracique ? C’est alors que nous avons mis à contribution et combiné tous les moyens, tous les procédés dont notre expérience professionnelle nous avait démontré l’action favorable. Épousant les formes plastiques sur des repères anatomiques rigoureusement déterminés, nous avons profilé et cambré la taille au point d’élection[3], en libérant même les côtes

  1. La diminution du champ de l’hématose, nous dit le Docteur Butin, « a pour conséquence une diminution de l’oxygénation du sang. Cet appauvrissement du sang fait de l’organisme un champ de culture tout préparé pour la tuberculose. »
  2. Ces douleurs ne sont autre chose que l’attestation des contractures déterminées par l’effort exagéré des muscles livrés à eux-mêmes et qui ont perdu l’endurance fonctionnelle.
  3. Ce point est situé entre la 12e côte et la crête iliaque postéro-latérale, un peu au-dessus de l’insertion iliaque du grand oblique.