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HISTORIQUE



Sans procéder ici à un trop long historique et sans viser le moins du monde à l’érudition, qu’il nous suffise de rappeler que le goût de la parure, fort développé chez les femmes de l’antiquité, avait poussé ces dernières à inventer des ceintures de corps, faites de lin ou parfois de tissus plus précieux. Déjà les dames d’Athènes et les patriciennes de Rome se serraient fort dans les circulaires de leurs bandes mammères[1]. Deux siècles avant l’ère chrétienne, Térence, le poète satirique, exerce sa verve contre le travers des jeunes filles de son temps, qui se sanglaient la taille dans les circulaires de leurs bandes de corps. Galien, l’un des précurseurs de la Médecine, traite à son tour des dangers que recèle l’abus des bandelettes dont les femmes étranglaient leur taille. À l’époque Mérovingienne et sous Charlemagne, le « corps de baleine » absolument inconnu, était suppléé chez les femmes de condition par une sorte de corsage juste au corps (cotte hardie), collant jusqu’à l’indiscrétion. L’auteur d’une thèse intéressante[2], qui n’est qu’une violente diatribe contre le corset, nous affirme que les propres filles de Charlemagne ne craignaient point de se montrer ainsi sanglées à la poitrine, à la taille et au ventre, jusqu’à reproduire les plus petits détails de leur plastique.

Pendant toute la durée du moyen âge, la châtelaine est vêtue de sa « cotte hardie », recouverte de son « bliaud » drapé en plis lourds et retombants. Cette « cotte hardie » se moulait étroitement sur la poitrine et les hanches, à la façon des jerseys modernes. Elle faisait office de corsage, mais en trahissant trop visiblement une plastique que la maternité rendait souvent défectueuse au

  1. L’embonpoint était considéré alors comme une difformité. À telle enseigne qu’un médicastre du IIIe siècle, nommé Scrémus, avait fait une grosse fortune en vendant un topique qui avait la propriété de ramener la taille à des proportions aimables.
  2. Les méfaits du corset. Thèse par Mlle Tylicka.