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les jarretelles jusqu’aux multiples ceintures des jupes et pantalons. Et cependant que n’a-t-on point proposé pour remplacer le corset, depuis la vague brassière jusqu’aux bretelles, accessoires dont n’avait point fait fi la grande Mademoiselle au temps de la Fronde, sans pour cela réussir à faire renoncer la femme à son corset.

C’est en vain qu’on a proféré les accusations les plus formelles, prodigué les conseils les plus justifiés, employé les procédés les plus insidieux. Tout a été inutile. On s’est heurté à un véritable parti pris ? Pourquoi ? Ne vaut-il pas mieux s’en rendre compte précisément que de mener un combat perpétuel, inutile ? Avouons ici tout d’abord que la question esthétique prédomine au point de vue féminin. De fait, peut-on rien évoquer de plus laid ni subir de plus insupportable contact, vous répondront toutes les dames avec qui vous traiterez de la question, que ces rubans, ces cordons, ces lacets de jupes, de cottes ou de pantalons, s’insérant au-dessus des crêtes iliaques, des hanches non protégées par le corset et traçant leur douloureuse pression en stigmates profonds et blessants ?…

Or, c’est bien ainsi que se pose la question pratique. Que deviendraient les toilettes actuelles, si ravissantes quand elles n’exagèrent rien ? Il est à peine besoin de faire ressortir jusqu’à quel point toute grâce, toute distinction disparaîtraient de la tenue féminine par ce retour aux coutumes rustiques, archaïques. Tant qu’on ne reprendra pas le costume antique, la tunique et le péplum, qu’on ne retrouvera plus désormais qu’au théâtre, tant que l’on portera des vêtements ajustés, géométriquement coupés dans de fins tissus ; tant que la femme sera tenue de se vêtir chaudement sous nos climats variables, le premier besoin de sa toilette sera le corset. Il ne reste qu’à en prendre son parti et à disposer les choses en conséquence, intelligemment.

Toute la question tient désormais dans les rectifications anatomo-plastiques à imposer à la coupe, à la confection, à l’application du « corps de baleine ».

C’est alors, qu’à côté de la critique, on pourra placer l’éloge du corset rationnel, conçu, confectionné et ajusté individuellement sur des données anatomo-physiologiques vérifiées. Mais il ne faut plus perdre de vue que le corset qu’on achète ou commande au hasard, fût-ce dans l’un de ces grands bazars où le public féminin est le plus communé-