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de le dire, car je vois chaque jour le secrétaire du modeste petit comice de Garous répondre à des demandes accompagnées d’un timbre-poste lui demandant des modèles de greffes de Cadillac, alors que plus d’un Bordelais n’a jamais vu celles qui prospèrent, depuis sept ans, entre les mains de leurs inventeurs, sur les bords fleuris de la Gironde.

Ce qui était très remarquable et excellent dans les deux congrès, a été le parti pris de travail utile, à l’exclusion de tout esprit de parti dans des choses où cet esprit n’a rien à faire. Chacun est évidemment resté fidèle à ses dieux, et je l’en félicite, mais aussi lesdits dieux ont eu garde de s’immiscer dans des questions où les principes, sauf l’honnêteté, toujours la bienvenue partout, n’avaient que faire. C’est ainsi qu’on a vu le congrès de Toulouse, essentiellement gouvernemental, accueillir avec une faveur méritée les travaux de M. l’abbé Sanderens, professeur de chimie à l’Institut catholique, tandis que des orateurs, pris dans les groupes les plus divers, apportaient, chacun dans sa spécialité leur contingent de lumières.

À ce propos, je me souviens d’avoir entendu de vieux protestants, appartenant à cette vieille roche qui ne voyait dans le supplément de liberté octroyée par la Réforme que l’obligation de faire mieux et de réfléchir davantage, nous vanter cette tolérance heureuse de rechercher le bien où il se trouve ; j’ai cueilli dans un in-quarto manuscrit de la main d’un membre distingué de l’Académie des sciences de Marseille, le texte du discours suivant prononcé vers 1780 : « Nous avons un règlement qui exclut tout membre d’aucun corps religieux, de l’Académie. Ce règlement paraît devoir être adouci, car, Messieurs, peu nous importe qu’un savant soit dans un casque ou dans un froc, pourvu que ses lumières puissent nous être utiles et honorables. Une académie doit être ouverte aux talents, pourquoi en exclure des hommes élevés, parfois des plus grands ? D’ailleurs, dans une ville où les moines sont en possession des observatoires, nous ne pouvons que difficilement nous passer d’eux. Nous trouverons dans leurs nombreuses bibliothèques des secours très utiles. Leurs loisirs et leurs connaissances et toutes ces facilités leur donnent le moyen de faire des observations délicates et difficiles que le défaut d’observatoires, le défaut d’instruments et le défaut de temps nous rendrait peut-être impossible.

« Je sais, Messieurs, que quelques-uns d’entre vous appréhendent un esprit d’intrigue et de domination, dont on les accuse, mais les temps changent et cet esprit se perd. Lors même que les moines paraissaient le plus occupés de s’immiscer dans les affaires générales et particulières, les Mersennes et les Maignans ne remuaient