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aux déceptions de l’Hérault. Elles eussent été évitées si, au lieu d’en rire, chacun avait aidé le docteur Despétis à mettre ordre et classification dans l’innombrable tribu des Riparia qui arrivait de tous les points de l’Amérique. En 1881, le congrès international de Bordeaux réunit tous les viticulteurs zélés. Ce fut la première affirmation internationale de la vigne américaine, quoiqu’en réalité on y fut très en retard sur celui de Nîmes de deux ans plus vieux, cela tenait aux éléments parisiens qu’y apportait la note des débutants phylloxéra. Je me rappelle avec étonnement, en pensant à l’aimable orateur du congrès de Mâcon en octobre, d’avoir eu maille à partir avec M. de Laroque, et bien d’autres, parmi lesquels la plupart sont aujourd’hui d’ardents américanistes. Entre les congrès de Bordeaux et de Villefranche, il n’y a eu que la continuation des réunions de Montpellier, toujours aussi suivies. En 1883, il y vint une députation de vignerons du Beaujolais, à laquelle s’étaient joints quelques propriétaires d’Issoudun. Ils furent surtout très frappés de la différence existant entre ce qu’ils voyaient et ce qu’on leur avait raconté. Je me rappelle que l’un d’eux s’amusait à lire à haute voix dans un journal de chez lui une description mensongère des vignobles périssant de l’Hérault pendant qu’il avait leur splendeur sous les yeux.

Nous avons déjà vu que c’est au congrès de Villefranche 1884, que s’est très justement placée la bouture greffée. C’est aussi à Villefranche que, par la voix si autorisée de M. Pulliat, a commencé la carrière publique du Rupestris, que, dans ma très modeste opinion personnelle et particulière, je considérais depuis quelque temps comme l’avenir des terres extra-sèches, quoiqu’il sache s’accommoder de mieux.

En 1886, nouveau congrès de Bordeaux, surtout remarquable par les communications de M. Millardet au sujet du mildiou ; par les savants et patients travaux de ce professeur, il avait trouvé un maître dans le sulfate de cuivre. Chose bizarre, Cadillac est à 2 heures de Bordeaux, et à peine si on a parlé de la greffe qui porte ce nom. Je crois même avoir été seule, avec M. Sahut, à avoir fait le pèlerinage de Loupiac où réside l’âme savante de cet actif petit comice, dans la personne de M. Dezeimeris. Avant d’aborder les deux derniers congrès, il est nécessaire de revenir en arrière pour revoir en détail le chemin parcouru pendant cette période de vingt années.

Il peut sembler oiseux de raconter aujourd’hui ce qu’est la vigne américaine, et c’est pourtant cela que je vais entreprendre dans le but très spécial de débarrasser cette histoire de toutes les légendes, vraies, fausses ou inutiles, qui encombrent un sujet