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gens de bonne volonté, au dire de voyageurs très compétents, plus de reprises que de simples boutures n’en ont données dans les grandes administrations marchant à coups de mercenaires.

Vient ensuite la bouture à un œil qui, longtemps et modestement couvée et ensevelie sous un monceau d’objections et de doutes, vient de relever crânement la tête aux deux congrès de Toulouse et de Mâcon. Celle-là sera longtemps un objet de commerce lucratif, car il ne sera pas facile d’arriver du premier coup aux résultats que peuvent donner une longue expérience acquise au milieu des difficultés dues autant aux ignorants entêtements qu’aux difficultés inhérentes à la chose. À l’heure qu’il est, elle est encore fréquemment incomprise, même de gens qui, à en juger par leurs antécédents ou leurs prétentions, devraient au moins en connaître les formes visibles, sinon les aptitudes. Un arboriculteur qui passe pour capable dans sa spécialité, et qui, par une succession de hasards singuliers, en est venu à diriger une petite pépinière du gouvernement et à faire un cours élémentaire dans une école de fondation particulière, s’est dernièrement lancé dans l’arène au sujet de la bouture à un œil, et moi à sa suite, croyant qu’il sortirait un supplément de lumière de la discussion ; je l’ai suivi lorsqu’il a parlé « d’un procédé pratique pour remplacer la bouture à un œil ! » Mais le remplaçant qu’il proposait n’y ressemblait pas du tout. Il a répondu à mes objections, fondées sur dix années d’études et d’observations très suivies, qu’avant de le faire, il avait dû aller voir des boutures à un œil, afin d’en parler en connaissance de cause, et mettre une heure d’examen en face de dix années d’études au milieu d’auteurs ou de praticiens absolument vétérans ! Donc, quand il a parlé la première fois, il n’en savait pas le premier mot, ce que, du reste, le résumé de ses observations de première vue prouvait surabondamment. Il le prouvait si bien, qu’en vertu du principe qu’on n’écrit pas pour ceux qui savent ou devinent, mais pour ceux qui ne savent ni ne devinent, je compte laisser tomber une polémique stérile et roulant sur des truismes de la force de celui-ci : « l’expérience démontre que les végétaux doivent être plantés droits, et la direction oblique est favorable à la végétation », comme si tout le monde n’avait pas vu appliquer cette direction aux bras des espaliers. Je prendrai cet article de M. F*** comme programme de l’explication à la fois élémentaire et complète qui m’est demandée de toutes parts, depuis un article à la fois timide et audacieux publié en décembre dernier dans le Messager agricole de Montpellier et auquel je renvoie les curieux, ne voulant pas entraîner les lecteurs du Correspondant dans des aridités techniques.

Des deux derniers congrès a surgi la réponse à la plupart des