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premières recherches. Après avoir rigoureusement établi qu’il n’y avait pas de points d’attaque sans insectes, on rechercha si, dans les vignobles encore sains, on en rencontrerait ? La réponse fut décisive, le mal était présent ou absent selon que l’insecte était lui-même présent ou absent, et les degrés de maladie et de santé suivaient rigoureusement l’état phylloxérique.

De prime abord la grande découverte ne fut pas reçue avec les honneurs qu’elle méritait : on appela ironiquement MM. Gaston Bazille, Planchon et Sahut les entomologistes de l’Hérault, aucun d’entre eux ne professant cette science, et le nombre d’ignorants, qui en savaient plus qu’eux, défia l’arithmétique. La liste des inventions et procédés curatifs proposés fut aussi longue et grotesque que celle des causes assignées à un mal dont on ne voulait pas reconnaître le phylloxéra comme auteur. Je suis même forcée d’aller plus loin et de dire qu’après vingt ans de défaites infligées par l’insecte, partout où il a été attaqué de front, il se trouve encore quelqu’un, et un député encore, pour signer dans le Voltaire du 20 octobre la singulière tirade que je trouve transcrite et annotée dans le Petit Paysan de Toulon, avec quelques commentaires :


Nous lisons dans le Voltaire du 20 octobre dernier un article sur le phylloxéra, signé par M. de Janzé, ancien député. Cet article nous a rendu rêveur. C’est à ne pas y croire. M. de Janzé ne croit pas au phylloxéra ! Après cette révélation, il faut tirer l’échelle.

« Le phylloxéra est un pou ronge, dit l’ex-député, qui existe sur les racines des pommiers, des poiriers, des rosiers, sur les bulbes des dahlias et qui ne gêne pas la fructification ou la floraison de ces végétaux. C’est cependant à cet insecte, qu’ils ont appelé phylloxéra, que nos savants officiels ont attribué le dépérissement de nos vignes…

« C’est sur cette erreur scientifique que s’est basée cette réglementation déplorable qui fait un délit de l’importation d’un végétal quelconque pouvant receler le redoutable insecte, prétendu Attila des vignobles…

« C’est encore en vertu de cette erreur qu’on a créé tant de fonctionnaires parasites, émargeant au budget pour une somme de 3 millions par an…

« On voit ce que vaut la légende du phylloxéra, de cet insecte destructeur et insaisissable, se cachant dans une feuille de rose, ou traversant les mers à la nage…

« Il est temps de mettre fin à la déplorable organisation basée sur cette légende, d’autant plus que nos savants viennent de découvrir un nouvel insecte, sur l’existence hypothétique duquel on pourrait greffer