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LES CONGRÈS VITICOLES


1869 À 1887




Les deux récents congrès de Mâcon et de Toulouse ont donné une nouvelle importance à la terrible question qui, depuis 1863, s’est posée à la France viticole. L’histoire fourmille d’exemples de petites choses en déchaînant d’immenses. Le phylloxéra en fournit un nouveau. Vers 1850, J.-B. Dumas annonça à l’Académie des sciences qu’il faudrait brûler les serres du baron de Rothschild à Ferrières, de crainte qu’une maladie parasitaire qui y avait été apportée d’Angleterre ne gagnât toute la France. Personne ne prit cette proposition au sérieux, et lui-même n’insista pas. Si je connais ce détail, c’est parce que l’illustre savant, étant venu me voir, en 1874, pour parler d’une expérience à faire chez moi de sulfo-carbonate, me raconta ce détail dont lui-même avait été loin de soupçonner l’importance. C’est pour échapper à ce premier fléau, simplement gênant et onéreux, que tout un pays s’est précipité dans la gueule d’un infiniment petit qui a englouti tant de choses !

Un de nos jeunes littérateurs[1], qui, sans approuver les chutes dans les égouts que Zola fait faire à la langue de Corneille, tient quand même à dire ce qu’il voit et comme il le voit, laid ou beau, a fait un tableau aussi saisissant que vrai des décadences morales dans lesquelles cet insecte, invisible à l’œil nu, a entraîné en maintes navrantes occasions, le chef de la création. Ces chutes ont été d’autant plus cruelles que les premiers et plus profondément tombés ont justement été ceux qui le méritaient le moins.

En effet, ces innocents et pourtant coupables étaient, pour la plupart, des fidèles à la sainte légende de la famille et au culte de l’héritage, cette main que le père tend à l’enfant au travers de la pierre sépulcrale. Ce sont eux qui ont tout donné, trop donné, leur peine, leur travail, l’oubli d’eux-mêmes, à la chaîne qui rive

  1. L’Ennemi, par M. Gustave Guiches. Librairie Quantin.