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dans une mosquée, lire d’une manière défectueuse un texte du Livre sacré.

Aboûl-Aswad étant à la mosquée, l’officiant lut la Sourate 9 au v. 3, qui est ainsi rédigée :

Allâh est pur d’idolâtres, ainsi que Son Apôtre.

Parole qui signifie : pour Allâh, comme pour son Apôtre Mahomet, il n’y a pas, c’est-à-dire il ne peut pas y avoir d’idolâtres.

Le lecteur ignorant, au lieu de lire ouarasoûlouhou (et Son Apôtre), avait prononcé ouarousoûlihi (et de ses apôtres). Ce qui donnait au verset ce sens stupide : pour Allâh, il n’y a ni idolâtres, ni apôtres (littéralement : Allâh est pur d’idolâtres, ainsi que de ses apôtres). Aboûl-Aswad se serait écrié, à l’ouïe de cette ineptie : « Je n’aurais jamais cru qu’on pût en venir là. »

Ce sont des erreurs de ce genre, ainsi que des variantes de textes, soit fautifs, soit involontairement altérés par les lecteurs et par les copistes, qui provoquèrent la revision d’Othmân. Les éditions diverses du Coran, qui étaient en usage, devenaient ainsi l’objet de discussions entre les disciples du Prophète, et un danger paraissait menacer l’Islam naissant. Il fallait une autorité souveraine pour ramener