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mémorable, il se demandait s’il n’était pas le jouet d’un démon, la croyance à la « possession » et au pouvoir des esprits étant très répandue à cette époque en Arabie. Dans d’autres moments, il avait le sentiment d’être l’objet d’une grâce divine spéciale ; car il croyait à la réalité des visions qu’il avait eues. Mais des doutes se présentaient de nouveau à son esprit. Était-il chargé d’une mission divine ou était-il atteint de folie ? Il alla même jusqu’à la pensée du suicide. Dans cet état spirituel douloureux, qui dura près de trois années, sa femme Khadîdjah joua un rôle providentiel, le consolant, le relevant de ses abattements, écartant de lui les idées funestes, l’encourageant dans le projet de mission qu’il formait au fond de lui-même.

C’est dans ces circonstances angoissantes que se produisit la seconde révélation de l’ange Gabriel, qui, d’après la tradition, lui cria : « Ô Mahomet, tu es le Prophète du Seigneur, et moi, je suis Gabriel. » Plus tard, courbé sous le poids des pensées qui l’agitaient jusqu’à le faire trembler, il en vint à demander à Khadîdjah de lui couvrir la tête, dans l’espoir d’échapper aux visions troublantes. C’est alors qu’il