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de la vie de Mahomet.

tant où ils voudraient franchir cet obstacle, il se tint sur la défensive. Les confédérés firent plusieurs tentatives pour le forcer ; mais ils furent repoussés avec perte[1]. Ils tentèrent de se rendre maîtres de la ville du côté où elle était moins gardée : leur projet fut éventé, et un renfort envoyé à propos le fit évanouir. Le siége traînait en longueur. On ne se battait qu’à coups de flèches et de dards. Quelques cavaliers Coreïshites, ennuyés de cette espèce d’inaction, voulurent essayer la bonté de leurs chevaux ; ils coururent à toute bride, et franchirent le fossé. Ali marcha contre eux. Amrou, l’ayant reconnu, lui cria : « Ô mon cousin ! avec quel plaisir je vais t’étendre sur le sable ! » « Pardieu, répondit Ali, j’en aurais bien davantage à te renverser à mes pieds[2]. » Amrou, furieux, descend, coupe les jarrets de son cheval, et va droit à Ali. Les deux rivaux se mesurent des yeux, et cherchent à se surprendre ; puis, s’approchant de plus près, se portent des coups terribles. Un nuage de poussière s’élève autour d’eux, et les dérobe aux regards des deux armées. On n’entendait que le cliquetis de leurs épées, et le bruit dont retentissaient leurs boucliers et leurs cuirasses. La victoire se déclara pour Ali. Le nuage s’étant dissipé, on vit le vainqueur, le pied sur son ennemi, lui enfoncer son épée dans la gorge. Les autres cavaliers avaient pris la fuite : l’un d’eux étant tombé dans le fossé, fut tué par Ali.

Après vingt jours de blocus, les confédérés, voyant toutes leurs tentatives inutiles, désespérèrent de forcer les croyans derrière leurs retranchemens. La division se mit dans leur camp. Mahomet l’entretint par ses émissaires. Ils songeaient à se retirer. Les vents violens du sud-est, ayant renversé leurs tentes, leur en fournirent le prétexte. Les juifs se débandèrent les premiers. Les Coreïshites et les



  1. Jannab.
  2. Abul-Feda. Jannab.