Page:Le Coran - Traduction de Savary, volume 1, 1821.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
de la vie de Mahomet.

du Ciel, et lui dit : Lis[1]. Je ne sais pas lire, répondit Mahomet.

[2] Lis, ajouta l’Ange, au nom du Dieu créateur.
Il forma l’homme en réunissant les sexes.
Lis au nom du Dieu adorable.
Il apprit à l’homme à se servir de la plume.
Il mit dans son âme le rayon de la science.

Mahomet récita ces versets, et s’avança jusqu’au milieu de la montagne[3]. Il entendit une voix céleste qui répétait ces mots : Ô Mahomet ! tu es l’apôtre de Dieu, et je suis Gabriel. Il resta en contemplation jusqu’au moment où l’ange disparut à ses yeux.

Mahomet n’avait point de confident. Il fallait qu’on le crût sur sa parole. Il s’adressa d’abord à son épouse. Sûr de son cœur, il séduisit facilement son esprit. Il lui fit le récit de sa vision, et n’oublia aucune des circonstances glorieuses qui l’accompagnaient. « Ce que vous m’apprenez, lui dit Cadige[4], me comble de joie. Cette vision est d’un heureux présage[5]. J’en jure par celui qui tient mon âme dans ses mains, vous serez l’apôtre de votre nation. » Dépositaire du secret de Mahomet, elle alla sur-le-champ le confier à Waraca, son parent. Il était versé dans

  1. Abul-Feda, page 14. Elmacin.
  2. Le Coran, chap. 96, versets premier et suivant.
  3. Abul-Feda, pages 15 et 16.
  4. Le docteur Prideaux, page 13, ne veut pas que Mahomet, l’idole et la gloire de Cadige, ait pu abuser de sa crédulité. Il fait intervenir son moine Bahira, et cet agent inconnu à tous les auteurs contemporains, est employé pour triompher de la résistance d’une femme. C’est Mahomet lui-même qui le charge du soin de séduire son épouse. Quand le silence de l’antiquité ne détruirait pas cette opinion ridicule, le docteur Prideaux eût dû balancer à l’écrire ; elle est trop contraire aux mœurs des Orientaux.
  5. Ahmedben Joseph, Hist. part. prem. chap. 9.