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Raconte-leur l’histoire des fils d’Adam[1] avec vérité. Ils présentèrent leurs offrandes. L’une fut reçue, l’autre rejetée. Celui qui fut refusé dit à son frère : Je te mettrai à mort. Dieu, répondit le juste, ne reçoit des victimes que des hommes pieux.

Si tu attentes à mes jours, je n’aurai point recours à la vengeance, parce que je crains le Dieu de l’univers.

Tu retourneras chargé de mes iniquités et des tiennes, et tu habiteras le feu destiné aux pervers.

Malgré ces menaces, la soif du sang prévalut dans le cœur de l’envieux. Il tua son frère, et fut au nombre des réprouvés.

Dieu envoya un corbeau qui creusa la terre, et lui apprit la manière d’ensevelir le corps de son frère.

Malheureux que je suis ! s’écria le meurtrier, ne puis-je, comme ce corbeau, creuser la terre, et cacher les tristes restes de mon frère ? Il se livra au repentir.

C’est pourquoi nous avons donné ce précepte aux enfans d’Israël : celui qui tuera un homme sans en éprouver de violence sera coupable du sang de tout le genre humain ; et celui qui sauvera la vie à un

  1. Ces fils sont Cabel et Habel. L’un offrit un bélier, l’autre des fruits. Le feu du ciel consuma l’offrande d’Habel. Celle de son frère fut rejetée. Gelaleddin. Caïn est appelé Cabel par tous les auteurs arabes. Ce mot, qui veut dire le premier, est peut-être son nom propre. Le surnom de Caïn, qui signifie traître, lui aura été donné dans la suite. Il paraît de même qu’Habel n’est qu’un surnom. En effet, il rappelle le triste événement qui jeta la famille d’Adam dans le deuil, et signifie proprement, il a laissé par sa mort une mère dans les larmes.