Page:Le Coran - Traduction de Savary, volume 1, 1821.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
abrégé

fidèles qui l’avaient reçu si généreusement, si vaillamment défendu, il leur déclara ses dernières volontés. « Chassez, leur dit-il, tous les idolâtres de la péninsule d’Arabie ; accordez aux nouveaux convertis tous les droits dont jouissent les Musulmans, et soyez fidèles à la prière[1]. Ces ordres, regardés comme les articles les plus essentiels du testament du prophète, ont été suivis exactement. Nulle autre religion que la mahométane n’est tolérée en Arabie. Les prosélytes qu’elle fait jouissent des mêmes priviléges que les Turcs ; et, à la Porte-Ottomane, ils parviennent aux premières dignités de l’état. Quant à la prière, la piété des Musulmans, le respect profond qu’ils portent dans leurs temples, font voir qu’ils sont persuadés de la présence d’un Être Suprême. Mahomet termina son discours par une imprécation contre les Juifs, à la perfidie desquels il devait la mort qui couvait dans son sein. « Que les Juifs, s’écria-t-il, soient maudits de Dieu ! Ils ont changé en temples les sépulcres de leurs prophètes. »

Une des dernières actions de sa vie fut de donner la liberté à ses esclaves[2]. Tout le temps qu’il se sentit assez de force pour se rendre à la mosquée, il fit constamment la prière au peuple. Lorsque le mal l’eut altéré, il chargea Abubecr de le remplacer dans cet emploi. Il voyait s’approcher la mort sans effroi, et s’entretenait tranquillement avec sa famille des apprêts de ses funérailles[3]. Un jour que ses parens éplorés environnaient son lit, « Apôtre de Dieu, lui demanda l’un d’eux, si nous avons le malheur de vous perdre, qui priera pour vous ? » « Je vais vous le dire, » répondit-il. Alors des pleurs coulèrent de tous les yeux, et il ne put retenir les siens. Les ayant essuyés, il continua ainsi[4] : « Lorsque vous m’aurez lavé, enseveli

  1. Elbokar.
  2. Jannab.
  3. Eltabar.
  4. Idem.