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stations de Damas, il n’envoya point d’ambassadeurs au camp de Tabuc. Retiré dans la forteresse de Madhen avec ses trésors et sa famille, il se crut à l’abri de la tempête ; mais Mahomet craignait de laisser derrière lui un ennemi dangereux. Il dépêcha Khaled avec quatre cents chevaux, et lui commanda d’enlever le prince rebelle. Tout le pays jusqu’aux frontières de Syrie étant subjugué, il partit de Tabuc après y avoir séjourné vingt jours. Tandis qu’il ramenait ses troupes à Médine, Khaled volait vers Madhen. Ayant trop peu de monde pour employer la force ouverte, il fit usage de la ruse. Posté en embuscade à quelque distance du château, il épia le moment où Ocaïder sortit pour la chasse, et l’enleva avec son cortége. Hasan, un des frères du prince, ayant fait quelque résistance, fut tué. Il était revêtu d’une cotte d’armes de brocard, couverte de lames d’or. Elle fut envoyée au prophète pour gage de la victoire. Cette riche dépouille attira les regards de toute l’armée. Chaque soldat voulait la voir, la toucher. Témoin de leur admiration stupide, Mahomet la fit cesser[1]. « Vous contemplez avec étonnement, leur dit-il, la richesse de cette cotte d’armes. Apprenez que les essuie-mains dont Saad se sert dans le paradis, sont infiniment plus précieux. » Cependant Khaled, aussi adroit négociateur que vaillant capitaine, se fit remettre les clefs du château de Madhen, avec mille chameaux, huit cents chevaux et quatre cents cuirasses. Il amena Ocaïder et son frère Masoud aux pieds de l’apôtre qui leur pardonna, leur imposa tribut, et les renvoya dans leur pays avec des lettres de sauvegarde.

En ramenant son armée à Médine, Mahomet passa près du territoire des Ganamites[2]. Ces Arabes, chrétiens dissimulés, avaient élevé un temple pour l’opposer à celui de Koba, dont il avait fait la dédicace en y priant solen-

  1. Abul Feda, page 226.
  2. Jannab.