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pes étaient sous les armes, et s’avançaient en bon ordre. Lorsqu’il fut à la vue des ennemis, il eut recours au stratagème. Il élargit ses rangs ; il fit plusieurs marches et contre-marches, et par des manœuvres savantes parut déployer à leurs yeux surpris une armée nombreuse. Les Grecs étonnés crurent qu’il avait reçu de puissans renforts. L’épouvante s’empara de leurs âmes. L’impétueux Khaled les ayant attaqués, ils n’opposèrent qu’une faible résistance, et se débandèrent, laissant leurs bagages au pouvoir de l’ennemi. Khaled chargé de dépouilles, et couvert de gloire ramena ses troupes victorieuses. Il joignit à la science d’un grand capitaine une valeur héroïque. Pendant le combat neuf épées s’étaient rompues dans ses mains[1]. Les autres généraux n’avaient pas combattu avec moins de vaillance. On compta cinquante coup d’épée et de lance sur le corps de Jafar, tous reçus par devant.

[2] Mahomet ayant appris le succès de ses armes à Mouta assembla le peuple, et dit : « Zaïd portait l’étendard de l’islamisme à la tête de l’armée, et il a succombé. Jafar l’a pris, et il a succombé. Abdallah l’a relevé, et il a subi un pareil sort. » À ces mots les croyans fondirent en larmes. Lui-même était pénétré d’attendrissement ; mais reprenant son récit, il ajouta : « enfin un guerrier[3], l’épée des épées de Dieu ayant saisi l’étendard, a forcé la victoire à se déclarer pour les Musulmans. »

  1. Jannab, page 190.
  2. Elbokar.
  3. Khaled porta dans la suite le nom d’épée de Dieu. Ce général fameux, vainqueur de Mahomet au combat d’Ahed, vainqueur des Grecs à Mouta, continua, sous le califat d’Abubecr et d’Omar, le cours de ses exploits glorieux. Le surnom que lui donna Mahomet ne fut point inconnu à ses ennemis. Théophane, p. 378, parle d’un émir nommé Khaled, et appelé l’épée de Dieu.