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de la vie de Mahomet.

Mahomet pour lui signifier les ordres de son maître. Les envoyés se présentèrent devant lui en tremblant, lui remirent la lettre du vice-roi, et voulurent lui déclarer le sujet de leur message. Il les renvoya au lendemain sans avoir daigné les entendre. Pendant la nuit même, si l’on en croit les écrivains arabes, il eut une révélation. Un messager céleste lui apprit la mort de Cosroës[1], assassiné par son fils[2] Siroës. De grand matin il fit venir les envoyés ; il leur annonça cette nouvelle, et leur dit : « Apprenez que ma religion et mon empire parviendront au faîte de grandeur où s’est élevé le royaume de Cosroës. Allez. Dites à Badhan que je l’invite à embrasser l’islamisme. » Ils partirent, et lui rendirent compte de leur mission[3]. Peu de jours après, Badhan reçut une lettre de Siroës, qui lui faisait part de la mort de son père, de son avénement au trône, et qui lui défendait d’inquiéter le prophète. Frappé du concours des circonstances, le vice-roi de l’Yémen crut y voir du miracle, et se fit musulman avec tous les Perses qui se trouvaient à sa cour.

Héraclius fut le second souverain à qui Mahomet envoya un ambassadeur[4]. Dohia lui présenta sa lettre de créance.

  1. Cosroës était le vingt-troisième roi de Perse de la famille des Sassanides. L’hégire ou la fuite de Mahomet arriva la trente-deuxième année de son règne, qui répond à la douzième de l’empire d’Héraclius. Abul-Feda.
  2. Avant de faire mourir ce prince, qui, dans les premières années de son règne, avait rempli l’Orient du bruit de ses victoires, Siroës lui dit : Ne sois point surpris si je trempe mes mains dans ton sang. Tu m’as donné l’exemple du parricide. Souviens-toi qu’après avoir fait brûler avec un fer rouge les yeux de ton père Hormoz, tu le mis à mort. Si tu avais respecté les jours d’un père, ton fils respecterait les tiens. À ces mots il donna le signal, et ses satellites le massacrèrent. Abul-Feda, Vie de Cosroës Parviz.
  3. Abul-Feda, p. 94.
  4. Idem.