Page:Le Coran (Traduction de Savary, vol. 1), 1821.pdf/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
ABRÉGÉ

nouvelle. Le soin d’affermir sa religion et d’étendre sa puissance l’occupait sans cesse. Lorsque les affaires du gouvernement le retenaient à Médine, il envoyait des partis en campagne qui portaient l’effroi parmi ses ennemis, et qui revenaient toujours chargés de butin. Le temps que lui laissaient des travaux continuels, il l’employait à visiter ses compagnons d’armes et ses amis. Un jour qu’il s’était présenté chez Zaïd, son fils adoptif, dans un moment où il était absent, il aperçut Zainab, son épouse[1]. C’était la plus belle des Coreïshites. Elle joignait à la beauté les grâces de l’esprit. Tant de charmes avaient depuis long-temps fait une impression profonde sur le cœur du prophète ; mais dans cet instant Zainab, couverte d’habits légers qui dérobaient à peine la blancheur et la forme de son corps, lui parut si belle, qu’il trahit son secret, et s’écria : Louange à Dieu qui peut changer les cœurs ! Il se retira en prononçant ces mots. Zainab n’oublia point l’exclamation de Mahomet. Elle la rapporta à son mari. Zaïd, en homme politique, la répudia, et lorsque le terme prescrit fut expiré, elle passa dans la couche du prophète. Ce mariage excita des murmures. Les musulmans disaient qu’il avait épousé la femme de son fils. Un repas somptueux où les principaux citoyens de Médine furent invités, et où l’on prodigua les mets les plus rares, les parfums les plus exquis, n’arrêta point les clameurs. Mahomet eut recours aux oracles du ciel. Il fit descendre le chapitre 33 où on lit ce verset : « Lorsque tu dis à celui que Dieu avait enrichi de ses grâces, que tu avais comblé de biens, garde ton épouse, et crains le Seigneur, tu cachais dans ton cœur un amour que le ciel allait manifester ; tu appréhendais les discours des hommes, et c’est Dieu qu’il faut craindre. Zaïd répudia son épouse. Nous t’avons lié avec elle, afin que les fidèles


  1. Jannab.