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DE LA VIE DE MAHOMET.

leur perte, choisit pour arbitre de leur sort Saad, fils de Moad, prince des Awasites. Ils acceptèrent la proposition avec joie, espérant un traitement favorable de la part d’un allié. Les infortunés ignoraient que Saad, blessé dangereusement au siége de Médine, détestait les Juifs, auteurs de cette guerre, et faisait des vœux pour leur ruine générale[1]. On l’envoya chercher, et on l’apporta avec peine au lieu de l’assemblée. « O Saad ! lui dirent les Coraïdites, ô père d’Amrou ! montrez-vous compatissant et généreux envers vos alliés ». Tout le monde avait les yeux tournés vers Saad. On attendait en silence l’arrêt qu’il allait prononcer. Alors le prince des Awasites, souffrant encore de sa blessure, prit un air sévère et dit : « Que l’on mette à mort les hommes ; que l’on partage leurs biens ; que leurs femmes et leurs enfans soient emmenés en captivité ». « C’est l’arrêt de Dieu, s’écria Mahomet ; il a été porté au septième ciel, et vient d’être révélé à Saad. » Il fut exécuté à la rigueur[2]. Les hommes, au nombre de sept cents, furent égorgés ; les femmes, les enfans, et tous les biens des Coraïdites devinrent la proie des vainqueurs. Rihana, la plus belle des juives, échut en partage à Mahomet. Pénétrée du malheur de sa nation, elle en détestait l’auteur ; mais la haine ne put tenir long-temps, contre l’idée de devenir l’épouse d’un prophète[3]. La vanité séduisit son esprit ; l’ambition corrompit son cœur ; elle se fit musulmane pour l’épouser.

De retour d’une expédition, Mahomet en méditait une


  1. Abul-Feda, p. 78.
  2. Le Coran fait mention de cette conquête, ch. 33, verset 26.

    « Il (Dieu) a forcé les Juifs qui avaient secouru les infidèles à descendre de leurs citadelles. Il a jeté l’épouvante dans leurs âmes. Vous en avez tué une partie, et vous avez emmené les autres en captivité. »

  3. Jannah.