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ABRÉGÉ

Ali. Il fut nommé Elhaçan. La même année, Mahomet proscrivit Caab, fils d’Elashraf, un des principaux juifs de Médine ; il s’était déclaré son ennemi. La poésie qu’il cultivait lui servait à satisfaire sa haine[1]. Il n’eut pas plus tôt appris la défaite des Coreïshites qu’il se rendit à la Mecque. Ses satires contre l’apôtre des Musulmans, ses élégies sur la mort des guerriers ensevelis à Beder, furent chantées publiquement. Elles rallumèrent dans les cœurs le désir de la vengeance. Après avoir soufflé à la Mecque le feu de la discorde, il revint à Médine, et s’efforça de soulever le peuple. Mahomet le fit mettre à mort[2].

Les vers de Caab avaient ému puissamment les Coreïshites. La plupart des citoyens criaient aux armes, Abusofian profita de ce moment de fermentation pour venger l’honneur de sa patrie. Il arma trois mille hommes parmi lesquels se trouvèrent sept cents cuirassiers et deux cents cavaliers, et partit à leur tête. Il conduisait avec lui Henda, son épouse, et quinze autres matrones qui portaient des tambours. Elles chantaient les vers élégiaques de Caab, déploraient le malheur de Beder, et exhortaient leurs guerriers à combattre vaillamment. L’armée des Coreïshites, sous les ordres d’Abusofiam, marchait vers Médine


  1. Jannab.
  2. Le docteur Prideaux, page 86, soutient que Caab ne fut point mis à mort, et qu’il évita tous les piéges que Mahomet lui tendit. Ce sentiment s’oppose à la vérité de l’histoire. Le savant Prideaux confond le Caab dont nous parlons avec un autre poëte de même nom, également proscrit pour avoir écrit des satires contre Mahomet. Ce dernier vint la neuvième, année de l’hégire se jeter à ses pieds ; il lui présenta un poëme composé à sa louange. Le prophète en fut si flatté, qu’il lui pardonna, et lui accorda ses bonnes grâces. Si le docteur Prideaux eût fait attention aux noms des pères de ces deux proscrits, il n’eût pas tombé dans cette méprise. Le premier se nommait Caab, fils d’Elashraf, le second Caab, fils de Zohaïr.