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ABRÉGÉ

« Mon oncle, dit-il à Abutaleb, le ciel a donné la victoire à un ver sur le décret des Coreïshites[1]. Tout ce que l’injustice et la violence avaient enfanté vient d’être anéanti. Le nom seul de Dieu a été respecté[2]. »

Abutaleb alla trouver les Coreïshites, et leur raconta ce qui était arrivé. « Si le fait est vrai, ajouta-t-il, éteignez le feu de vos haines ; levez l’anathême lancé contre nous. Si c’est une imposture, je consens à vous livrer mon neveu. » La condition fut acceptée. On se rendit au temple. Tout était conforme au rapport d’Abutaleb. La loi qui proscrivait les Hashemites fut abrogée. Rendus à la société, ils jouirent de ses droits comme auparavant.

Des historiens, amateurs du merveilleux, placent vers cette époque un miracle insigne opéré par Mahomet. Les chefs des Coreïshites, voulant le confondre aux yeux de la nation, avaient gagné Habib, fils de Malec. Ce Prince, âgé de cent vingt ans, connaissait toutes les religions. Il avait été successivement juif, chrétien, mage. On força Mahomet de comparaître devant lui. Le vieillard, entouré des princes arabes, était assis sur un trône au milieu de la campagne. Une foule de peuple l’environnait au loin. L’apôtre des musulmans s’avance avec confiance vers son juge, qui lui propose, pour prouver sa mission, de couvrir le ciel de ténèbres, de faire paraître la lune en son plein, et de la forcer à descendre sur la Caaba. La


  1. Abul-Feda, page 27. Jannab.
  2. La formule du diplôme commençait par ces mots, en ton nom, ô Dieu ! ces paroles seules demeurèrent en leur entier ; tout le reste fut rongé. Abuseïd, Abd el Rohman, au livre El Anouar. Maracci rapporte une autre tradition sur la foi d’Ahmed, Abd el Rahim, où il est dit que les vers avaient rongé tous les endroits où le nom de Dieu était écrit, et laissé le reste en entier. Cette tradition, rejetée par Elbokar, auteur de la Sonna, n’a aucune authenticité parmi les mahométans ; mais elle était favorable au dessein de Maracci, et il s’en est servi.