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LE CORAN.


91Tu crois, et jusqu’à cet instant tu as été rebelle et corrompu.

92Nous retirerons ton corps de la mer[1] afin qu’il serve d’exemple à la postérité. Combien peu d’hommes sont zélés pour la religion !

93Nous donnâmes aux enfans d’Israël une habitation sûre[2] et des alimens purs. Ils n’ont disputé sur la religion que quand ils ont vu la lumière. Le Très-Haut jugera leurs différens au jour de la résurrection.

94Si notre doctrine élevait quelques doutes en ton cœur, interroge ceux qui ont lu le Pentateuque avant toi. Dieu t’a envoyé la vérité. Garde-toi d’en douter[3].

95N’imite pas ceux qui accusent de fausseté les oracles divins, si tu ne veux être au nombre des réprouvés.

96Ceux contre qui les décrets immuables ont été prononcés ne croiront point.

97Leur opiniâtreté triomphera des plus grands miracles, jusqu’à l’instant où ils verront les feux éternels.

98Autrement, plusieurs villes auraient embrassé la foi, et en auraient goûté les avantages. Le peuple seul de Jonas[4] crut à sa prédication. Il fut délivré


  1. Quelques Israélites ayant douté de la mort de Pharaon Gabriel retira son corps de la mer et l’exposa à leurs yeux. Ebnabbas.
  2. Une habitation sûre : la Syrie.
  3. Mahomet répondit à l’ange qui lui apporta ce verset : Je ne doute point, et je n’interrogerai personne. Gelaleddin.
  4. Jonas, de la tribu de Benjamin, élu prophète, alla prêcher les Ninivites après la mort de Joathan, fils d’Ozias, roi de Jérusalem. Ils adoraient des idoles. Le prophète menait avec lui sa femme et ses deux fils. Il perdit l’aîné au passage du Tigre ; un loup emporta l’autre, et sa femme disparut sur les bords du fleuve. Jonas s’abandonna aux larmes et aux gémissemens. Une révélation lui apprit que sa famille lui serait rendue et calma sa douleur. Il continua la route et alla prêcher les Ninivites. Il les exhortait à embrasser la vraie religion. Les injures et les mauvais traitemens furent le prix de son zèle. Il implora le Seigneur dans sa détresse ; et, obéissant à l’inspiration divine, il sortit de la ville, et prédit à ses habitans une vengeance terrible. Dieu couvrit tout le pays d’un nuage affreux qui s’abaissa sur la terre. Il en sortait des flammes qui réduisaient en cendres tout ce qu’elles touchaient. Les Ninivites ayant en vain cherché Jonas, implorèrent le secours du Dieu qu’il adorait. Hommes, femmes, enfans, tous sortirent de la ville, et fléchirent par leurs prières et leurs gémissemens la miséricorde divine. Ils furent délivrés du fléau vengeur. Jonas arriva. Ne voyant point le châtiment dont il les avait menacés, et ignorant leur repentir, il s’en alla plein d’indignation, et jura de ne plus retourner à Ninive. Il s’embarqua sur le fleuve. Le vaisseau demeura immobile. Le patron ayant jeté le sort, il tomba sur Jonas, qui fut précipité dans les eaux. Un poisson l’avala ; et l’ayant porté près de la ville d’Aïla, le vomit sur le sable après quarante jours. Dieu fit croître une citrouille dont les rameaux s’étendirent et le couvrirent de leurs feuilles. Il était absolument nu. Gabriel lui toucha la tête, et elle se couvrit de cheveux. Le Seigneur le reprit avec bonté, et lui rendit son épouse et ses deux fils. Il retourna à Ninive. Le roi et le peuple vinrent au-devant de lui, et le reçurent avec de grandes marques de joie. Il demeura parmi eux jusqu’à la mort. Ismaël, fils d’Ali, chap. I, Jonas.