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ABRÉGÉ

désolaient le territoire de Médine. L’attente des nouveaux fruits, l’espoir d’une récolte prochaine enchaînaient les courages. Une armée formidable entraînait des dépenses extraordinaires. L’éloquence et la fermeté de Mahomet triomphèrent de tous ces obstacles. Abubecr donna tous ses biens pour la guerre sainte. Omar sacrifia la moitié de ses richesses. Elabbas fournit de grandes sommes d’argent. Ohtman apporta mille écus d’or, fit tuer trois cents chameaux, et se chargea d’entretenir trois régimens pendant la campagne.

Tout étant prêt, Mahomet se mit en marche et alla camper à quelques lieues de Médine. Abdallah, l’incrédule, y demeura avec ses partisans. Ils se moquaient des croyans qui, poussés par un zèle superstitieux, allaient s’exposer à tant de périls pendant l’excès des chaleurs. Mahomet leur répond ainsi dans le Coran : « Satisfaits d’avoir laissé partir le prophète, ils ont refusé de soutenir la cause du ciel, de leurs biens et de leurs personnes, et ils ont dit : N’allez pas combattre pendant la chaleur. Réponds-leur : Le feu de l’enfer sera plus terrible que la chaleur. S’ils le comprenaient[1] ! »

Parmi les Musulmans, Caub, fils de Malec ; Merara, fils de Rabié ; Helal, fils d’Omaïa, furent les seuls qui refusèrent de se rendre aux ordres de leur général[2]. En son absence, il avait confié le gouvernement de Médine, et le soin de sa famille au brave Ali. Les idolâtres, qui redoutaient sa fermeté, frémirent de dépit, et cherchèrent à jeter des soupçons dans son cœur. Ils publièrent que Mahomet l’avait laissé derrière parce qu’il était jaloux de ses exploits. Ces discours affligèrent Ali. L’amour de la gloire se réveilla. Il prit ses armes, se rendit au camp, et apprit au prophète les bruits injurieux qui couraient sur son


  1. Chap. 8, tom. Ier.
  2. Abul-Feda, p. 123.