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DE LA VIE DE MAHOMET.

deaux confond le satirique de même nom, mis à mort la troisième année de l’hégire.

La paix régnait en Arabie. Les peuples, séduits ou domptés, révéraient, ou craignaient leur apôtre, leur conquérant. Quelques petits princes idolâtres n’avaient point encore subi le joug. Ils ne parurent pas assez formidables à Mahomet pour lui faire suspendre l’exécution de ses desseins. C’était peu pour lui d’avoir soumis les Arabes, s’il n’employait leurs forces réunies, pour renverser les trônes des voisins, et pour envahir leurs états. La Syrie avait attiré ses regards. Cette riche contrée était à sa bienséance. Il en médita la conquête, et si la mort ne lui laissa pas le temps d’exécuter ce projet, il traça du moins à ses successeurs la marche qu’ils devaient suivre. Ayant appris que les Grecs levaient des troupes sur la frontière, il publia contr’eux la guerre sainte. N’ayant eu jusqu’alors que des tribus divisées à combattre, il avait couvert du mystère toutes ses démarches. Le secret de ses expéditions, la rapidité de ses attaques, n’avaient pas laissé aux ennemis le temps de se reconnaître. Presque tous avaient été défaits avant d’avoir pu réunir leurs forces. C’est à cette politique qu’il devait tant de succès. Contre les Grecs rassemblés sous une même domination la surprise devenait inutile. Il fallait de grandes batailles pour les réduire ; il changea de plan, et manifesta son intention. Afin que les Musulmans fissent des efforts proportionnés, il leur dévoila les fatigues et les obstacles qu’ils auraient à surmonter, le nombre et le courage des ennemis qu’il faudrait combattre[1]. Les préparatifs se faisaient au mois de Rajeb. La chaleur était extrême. La sécheresse et la stérilité


  1. Abul-Feda, p. 123.