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ABRÉGÉ

embrassé l’islamisme. Les Juifs domptés n’osaient plus lever la tète. Mahomet choisit cet instant pour accomplir la visite des lieux saints. Le quatrième article du traité d’Hodaïbia lui en donnait le droit. Il partit de Médine au mois d’Elcaada. Un nombreux cortége l’accompagnait. Des soldats couverts de fer, une troupe de bergers conduisant des victimes parées de fleurs, offraient tout à la fois un spectacle guerrier et pacifique[1]. C’est dans cet appareil qu’il entra sur le territoire sacré. Abdallah, son grand écuyer, le précédait, tenant en main la bride de son chameau. Les Musulmans, les yeux attachés sur leur apôtre, observaient ses moindres mouvemens. Tout était intéressant pour eux ; tout était important pour lui. Il se rendit au temple, baisa religieusement la pierre noire, accomplit les circuits sacrés, visita les collines de Safa et de Merva, et fit proclamer la prière à la porte du sanctuaire d’Abraham. Il demeura trois jours à remplir les cérémonies prescrites par la religion, et après avoir immolé les victimes, il alla camper à six milles de la Mecque. La ville était déserte. La plupart des habitans s’étaient retirés sur les montagnes voisines. Il aurait pu s’en emparer ; mais la violation d’un pacte juré solennellement aurait sapé les fondemens de sa puissance. Son ambition, réglée par la politique, ne l’aveugla point. Ses ennemis n’eurent jamais l’avantage de le trouver parjure.

La religion ne permet pas de s’approcher des femmes pendant le temps du pèlerinage[2]. Mahomet, par un privilége attaché à la dignité d’apôtre, épousa Maimouna, lorsqu’il était encore revêtu de l’habit sacré de pèlerin ; mais il ne consomma le mariage qu’après l’accomplissement de son vœu. La piété des dévots musulmans étant satisfaite, il ramena ses troupes à Médine.


  1. Jannab, page 182.
  2. Idem, page 184.