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marquer ne se présentait pas, il s’exerçait à jouer et devint si habile qu’il attira l’attention d’un prince russe, voyageur et spéculateur.

— Que gagnez-vous, lui demanda ce dernier ?

— Vingt sous par jour et au plus quarante.

— C’est indigne de vos talents. Suivez-moi, nous trouverons partout des billards. Vous jouerez, je parierai pour vous, et le quart des paris que vous m’aurez fait gagner vous appartiendra. Pour cette fois, l’avocat perd les traces de sa montre, car le voleur polonais et le seigneur russe s’en vont côte à côte en Allemagne, en Italie, jouant, pariant, et surtout gagnant si régulièrement que Walewski rompit le traité et, acquérant d’abord le titre de comte du Saint-Empire, alla exercer son art en Angleterre, d’où, fort riche, il vint se faire présenter à la cour de France.

Le comte Walewski eut l’honneur de faire la partie de Marie-Antoinette, qui mit pour enjeu des belles peintures de Petitot et les perdit.

Titré et de plus honnête homme, Walewski