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M. le comte de Walewski, de défunte mémoire, naguère président du Corps législatif et membre d’une foule d’ordres, n’aurait laissé, s’il faut en croire les bruits de cour, que quelques millions à sa femme et à ses enfants.

Les journaux du Gouvernement ont trop vanté ses vertus civiques pour que nous taisions l’origine de cette fortune soi-disant médiocre.

Un pauvre Polonais, nommé Walewski, avait un fils de 14 ans, mauvais garçon, qu’il plaça chez un avocat, où il ne devint pas meilleur. Il avait atteint sa dix-septième année, quand l’avocat vit disparaître de sa maison sa montre et son élève, qui était allé solliciter à Wilna le poste de garçon marqueur dans un billard. Le jeune Walewski, faisant cheminer la montre que suivait de loin l’avocat, arrive à Varsovie enfin, où, dans une nouvelle salle de billard, il trouve à s’occuper. Peu propre jusqu’alors à aucun genre de travail ou d’étude, Walewski sentit se développer en lui le génie du jeu dont il était si assidûment le témoin ; quand l’occasion de