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IV


Il est vrai que l’espace aujourd’hui nous sépare ;
Mais contre mon amour l’espace est impuissant.
Vous accourez encore au son de ma cithare :
Je vous parle au milieu d’un éternel présent.

Vous vous serrez autour de moi pour mieux m’entendre.
Comme hier votre voix va répondre à ma voix,
Car vous la trouvez noble, harmonieuse et tendre :
Elle a fait bondir l’âme, en vos seins, tant de fois.

Reconnaissant, j’ai dit : ô Ciel, tu me les donnes !
Vous apportiez la joie au chanteur opprimé ;
Et si quelqu’un jamais m’a tressé des couronnes,
N’est-ce pas l’un de vous que j’ai beaucoup aimé ?

J’ai su les partager, vos ardeurs inquiètes :
Mon présent qui décroît cherchait votre avenir.
Un grand cœur maternel est dans les vrais poètes !
Quand vous étiez amers, je n’ai pas pu dormir.