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Le Caleçon

» Qui paſſoit pour être honnête homme,
» En rente au denier ſix, la ſomme
» De cent quatorze mille francs ;
» Et ce Richard, ayant, cinq ans,
» Exactement payé la rente,
» D’avance en mainte occaſion,
» Las d’une probité conſtante,
» Un jour, par ſon évaſion,
» Dont on ne peut ſçavoir la route,
» Fit préſumer ſa banqueroute :
» Au premier bruit qu’il en courut,
» De chagrin ma Tante en mourut.

» Hélas ! quand le guignon nous happe,
» Ce qu’on aime le plus s’échappe !
» Beaucoup de gens l’ont éprouvé :
» Dans l’affligeante & triſte criſe
» De ces malheurs, j’aurois crevé,
» Si Mere Angel, vieille Sœur griſe,
» Que ma Tante aimoit de bon cœur,
» Ne m’eût, par ſon air de candeur,
» Par ſa piété, ſa morale,
» Qu’elle faiſoit paroître en tout,
» Et par ſa tendreſſe amicale,
» Conſolée, & donné du goût