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Le Caleçon

Et lui témoignant ma ſurpriſe
De ſes talens & de ſon goût,
Je lui dis de remplir l’envie
Que j’avois de ſçavoir ſa vie.

Très-volontiers, repart la Sœur,
Je vais répondre à votre attente ;
Madame, je la ſçais par cœur.
La voici mot à mot : La Tante
» Qui, je vous l’ai dit ſans façon,
» M’a mis le premier Caleçon,
» Et dont la mort me fut amere,
» Étoit, à dire vrai, ma Mere :
» (Tout ceci ſoit dit entre nous ;)
» Qui, n’ayant jamais eu d’Epoux,
» Mais des Amans, la bonne piece !
» M’appelloit conſtamment ſa Niece,
» Pour ſon honneur & pour le mien.

» Cette Mere, que j’aimois bien,
» Et qui m’aimoit en idolâtre,
» Avoit brillé vingt & quatre ans,
» A Paris, ſur plus d’un Théâtre :
» Où, moins encor par ſes talens,
» Que par ſa beauté, ſon génie,
» Son ordre & ſon économie,