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fait une profonde révérence, elle parla en ces termes : - Vous êtes noble, et par conséquent, votre parole est sûre. A combien estimez-vous dix arpents de terre labourable de votre domaine ? Keranglaz le vieux lança à la jeune fille un sombre regard. - Je les estime à dix écus chacun, quand je les vends, à trente quand je les donne ! prononçia-t-il d'une voix sourde. - C'est donc trois cents écus que vous aurez à remettre à cet enfant. Il vous amène, vivante, la Charlézenn.


La complainte de Marguerite Charlès s'allongea plus tard de six vers, les voici :

A Keranglaz, on la pendit... Ce fut grand'fête en paradis.

Dieu s'en vint la quérir lui-même ! Ainsi fait-il pour ceux qu'il aime.

La Charlézenn, qui sifflait fort, En aumône a donné sa mort...

Et, quand on la chante aujourd'hui, on ne manque jamais d'ajouter :

Bénie soit-elle !


Notes

(1) Groac'h = (pej.) vieille (2) Gaïdik = (mel.) diminutif de Marguerite