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EN ALGER D’AFRIQUE

— Vous ne sauriez croire, reprit-il, après avoir trempé ses lèvres dans l’écuellée de cidre chaud, — vous ne sauriez croire avec quel sentiment d’aise je grimpai les ruelles tortueuses de la Kasbah où nous avions notre caserne. C’était précisément à l’époque de Noël…

— Ah ! oui, prononça le frère aîné qui venait de recevoir les ordres et qui célébrait le lendemain sa première messe, tu m’as parlé de cette Noël-là… Tu sais, entre nous, tu devrais peut-être t’en confesser. Ça n’est pas une chose très orthodoxe.

— Oh ! ma confession est très simple, répondit-il, et, puisque tu m’y provoques, je la vais faire publiquement.

Les gens de la veillée s’écrièrent d’une seule voix :

— C’est cela, Yvik I Nous t’absoudrons, nous autres !

Les filles de la maison versèrent dans les écuelles d’argile peinte une nouvelle ration de cidre fumant. Le soudard commença son récit.


II

Donc, ce vingt-quatre décembre de l’année que vous savez, il montait la garde dans la ville haute, heureux de se retrouver là, vivant et intact, alors que tant de ses camarades… Suffit !

Alger, c’est encore la terre africaine, mais elle sent déjà bon l’odeur de France.

Il allait et venait, la crosse à l’épaule.

À ses pieds, la ville blanche s’écroulait, ainsi qu’une énorme cascade d’écume fouettée par le vent jusqu’au