guerre. Les gens, ébaubis, se pressaient sur les seuls pour nous regarder passer.
Le Rûn est une éminence broussailleuse, située à un quart de lieue environ du bourg de Plouzélambre, dont d’anciennes carrières abandonnées ont profondément entaillé les flancs. Où le cadavre de notre ennemi serait-il mieux enfoui que sous cette colline déserte, dans une de ces grottes obstruées par les ronces, hantées seulement des chauves-souris et des crapauds ? Il fut procédé à son inhumation, selon les rites les plus solennels.
En guise de monument, nous érigeâmes au-dessus un tas de pierres semblable à ces cairns qui, chez nos ancêtres, marquaient la sépulture des grands chefs barbares. Puis, sur une « couverture de cahier cartonné » fixée dans un rameau d’ajonc, l’un de nous — celui-là même dont une croix de bois noir venait de me rappeler le nom — écrivit au crayon ces deux vers qu’un symboliste d’aujourd’hui (soit dit sans jeu de mots) ne désavouerait peut-être pas :
Ci-gît le symbole,
On pourra parler breton à l’école.
Ce sont probablement les seules rimes qu’il ait jamais assemblées. Que Dieu les lui pardonne !
Pas n’est besoin, je pense, de vous apprendre que le lendemain le symbole était ressuscité, sinon le même, du moins son frère.
Si j’en crois mon ami Le Bourdonnec, nous fûmes, pour cette escapade, battus de verges.