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LE PUITS DE SAINT-KADÔ

la détresse de cette niche veuve, où les débris sacrés achevaient de pourrir.

Le puits continua de s’appeler Puns Kadô ; mais, de Kadô lui-même, à la longue, il ne fut plus question…

Entre toutes les ménagères qui s’attroupaient, le soir, auprès de la margelle et qui s’y attardaient quelquefois des heures à médire de leur prochain, sous prétexte d’emplir leurs cruches, Fanta Gouronnec était la seule qui se souvint encore du saint et adressât de temps à autre à ses tristes reliques décomposées une salutation mélancolique.

— Je ne désire qu’une gràce avant de mourir, disait-elle souvent : c’est de voir sur pied le saint Kadô tout neuf qu’on nous promet depuis des années et qui pourrait bien être comme le veau de la vache à Tanguy, lequel devait peser en naissant six cents livres, mais ne naquit jamais…

Il faut croire que Fanta était destinée à mourir heureuse, car sa prière fut exaucée, à la suite d’une circonstance assez, bizarre dont voici l’authentique récit.

II

Le meilleur des hommes, Joseph le Saint, — en breton Ar Zant, — bon mari, bon père, cultivateur consommé, éleveur émérite, mais, par exemple, ivrogne, ah ! ça, oui, ivrogne pommé !… Plus que sa femme, plus que ses enfants, plus même que sa terre et que son bétail, il aimait