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LA CHOUETTE

majestueuses et protectrices. La nuit avait repris le calme divin qui sied à un soir de Noël, et, dans mon cœur aussi, une paix douce était rentrée.

Arrivé près du campement, j’attachai ma bête au montant d’une barrière et je pénétrai dans les ruines.

Alors, seulement, je m’aperçus qu’un vol immense de chouettes me suivait. Elles se perchèrent sur les branches d’alentour, fixant sur moi leurs prunelles blafardes qui ne me faisaient plus peur. Je remis le missel à son ancienne place, ébauchai un signe de croix en passant devant l’autel et m’en retournai vers la charrette. Je m’étais à peine éloigné d’une cinquantaine de pas que des chants s’élevèrent de la chapelle détruite, à la louange de l’Enfant-Dieu. En me retournant, je ne vis plus les chouettes ; mais, parmi les décombres du sanctuaire, une foule agenouillée entonnait l’hymne de la Nativité et un prêtre à cheveux blancs se tenait, les bras étendus, en face du missel ouvert que lui présentait un acolyte.

…Hue ! Dia !… Le cheval rassuré repartit au galop dans la direction de Belle-Isle. Les carillons de Gurunhuël, de Plougonver, de Loquenvel, de vingt autres paroisses encore se répondaient à travers la clarté laiteuse de la nuit, sous les scintillement avivé des étoiles.

Et j’arrivai à Belle-lsle à temps pour entendre la messe.