Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/89

Cette page n’a pas encore été corrigée

sans parvenir à les écarter. Les lampes des phares, au loin, brûlaient sans éclat, telles que des braises éparses qui agonisent dans le noir d’un four éteint. Les bruits du ressac se confondaient pour moi avec le bourdonnement de mes oreilles et de mes tempes. J’allais où me conduisaient mes pas. Des souches d’ajoncs, des arêtes de roches, à tout instant, me faisaient trébucher. Deux ou trois fois, des embruns d’eau salée m’enveloppèrent, me soufflant à la face la soudaine fraîcheur du vide. Je souhaitais ardemment mourir, mais, par scrupule religieux, je tenais à ce que la mort me cueillît d’elle-même… Tout à coup, une voix dit, presque à me frôler :

— Gare aux lames sourdes, monsieur Dénès ! Vous êtes ici dans leurs parages.

Je ne distinguais personne, mais l’Ilienne, avec ses prunelles phosphorescentes de rôdeuse de nuit, m’avait reconnu. Je lui contai je ne sais plus trop quelle histoire, et,