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à gratter des champs pierreux ? Et quoi d’étonnant si la solitude lui est aussi mauvaise qu’à moi-même ?… »

J’avais espéré, dans les débuts, qu’elle aurait, en la femme Chevanton, sinon une amie, du moins une compagne. Mais celle-ci, outre qu’elle avait à décrotter toute une nichée de marmaille, ne montra, dès l’abord, qu’un empressement médiocre à répondre aux avances d’Adèle. C’était — je l’ai dit — une Ilienne. Elle attirait peu. Sous sa cape noire, elle avait le front étroit, et comme barré de fanatisme, de la plupart de ses compatriotes. Le temps que lui laissaient libre son ménage et la culture de quelques arpents d’oignons ou de patates, elle le consacrait à réciter son chapelet. Pour rien au monde, elle n’eût manqué une messe ; mais, les lendemains de tourmentes, elle errait, la nuit, le long des grèves, en quête d’épaves qu’elle vendait à un marchand de Plogoff, et,