Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/68

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’en sourdine leurs abois de sphinx hurleurs.

Il se dégage des champs d’ondes, au pied du phare, une odeur discrète, pénétrante, cette fine odeur de violette qui étonne les terriens quand ils traversent les marais salants. Car la mer aussi a ses printemps qui embaument. Jamais leur influence ne m’avait autant ému que ce soir. Je me sens faible et lâche. Si je m’écoutais, j’en finirais tout de suite. Je vois se balancer sous mes yeux des creux de houles calmes où il serait doux de s’étendre, comme font, dans les douves des prairies léonardes, les faucheurs d’herbes, leur journée close. Mais non, les temps ne sont pas encore venus : ma journée à moi n’est point close, et c’est le plus pénible de ma tâche qu’il me reste à remplir.

Je vous ai dit, mon ingénieur, sous l’oppression de quelles angoisses, de quels cauchemars, se traînait ma vie à Gorlébella.