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Adèle, durant mes premiers séjours à terre, me demandait souvent :

— Puisque d’être privé de moi te fait tant souffrir, pourquoi ne veux-tu pas que j’aille te rejoindre, de temps à autre ? Personne ne le saurait, hormis l’homme qui serait de garde avec toi, et de celui-là qu’aurions-nous à craindre ? Ce n’est pas lui, j’imagine, qui s’aviserait de dénoncer son chef. Par mesure de prudence, je m’embarquerais à Audierne, un samedi soir, sur un des bateaux qui y viennent de l’île pour le marché. Je m’arrangerais avec le patron pour qu’il me reprenne à son plus prochain voyage. Ils font d’ordinaire jusqu’à trois et quatre traversées par semaine, à ce que m’a dit la femme Chevanton… Pense donc, tu m’aurais à toi, quand tu t’y attendrais le moins !… Moi, cela me ravirait, cette escapade ! Ce serait une aventure d’amour, comme dans les romans. J’arriverais à nuit close, toute trempée par l’embrun du Raz, et je heurterais