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dans notre logis, je porterai ton deuil. Ainsi, toute idée de joie me sera défendue. Ne m’as-tu pas dit que c’était de la terrasse de Saint-Theï, sur la Pointe du Van, qu’on apercevait le mieux les fenêtres de Gorlébella ? Je m’y rendrai les jours de ciel serein, aux heures du soir, alors que la lumière déclinante agrandit les formes des choses. Aidé de ta longue-vue, tu me reconnaîtras sans peine et pourras distinguer jusqu’à mes gestes. J’agiterai mon mouchoir, je t’enverrai des baisers. Quand tu seras pour revenir, je me ferai belle, je mettrai mes atours comme pour une fête, et j’irai au-devant de toi, en chantant la chanson que tu aimes, celle, tu sais, qui commence par ces vers si doux :


Sur le bord de la mer profonde,

J’ai bâti ma maison, ma maison de tendresse,
Pour saluer de plus loin la voile

Qui me ramènera mon ami !…


Et le reste du temps, eh bien, je broderai.