Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/52

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Rien !

Et le Baliseur s’éloigna, rebroussant chemin devant la tempête dont la grande ombre livide achevait de noyer l’horizon, du côté de l’occident…

Deux heures plus tard, elle se ruait sur Gorlébella.

Elle dure depuis, déchaînée par trombes énormes qui font sonner la mer comme sous un galop de bêtes invisibles. Parfois, il me semble ouïr des bruits de cloches, une sorte de tocsin sauvage, jailli des profondeurs de l’abîme. Le phare ronfle, ainsi qu’un immense tuyau d’orgue. Une vie monstrueuse anime les nuages : ils se heurtent, s’étreignent, se bousculent, s’entre-déchirent, se livrent une formidable et silencieuse bataille de spectres dans les champs bouleversés de l’espace. Le fanal, cependant, à l’abri derrière ses étincelantes persiennes de cristal, promène sur ce carnage des choses sa belle flamme tranquille, la puissante lumière rouge et verte de son double secteur. Moi aussi, j’ai retrouvé le calme. La colère des éléments a