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de sa race… Sa fantaisie, tout naturellement, créait des merveilles.

Elle disait, par exemple : « Nous sommes des châtelains de l’ancien temps ; c’est fête, ce soir, dans notre donjon. Des seigneurs chamarrés d’or, des dames en robes de brocart montent l’escalier. Des ménestrels aussi vont venir. Écoute ! Ce que tu prends pour le souffle du vent dans les ramures ou le fracas lointain de la mer parmi les galets, c’est le son de leurs violes qu’ils accordent. Ils s’apprêtent à célébrer tes exploits et la beauté de ta noble épouse. Tendons l’oreille, mon doux sire !… » Ou bien elle disait encore : « J’étais une princesse captive. Une magicienne perverse m’avait enchaînée dans cette prison. La tour où je languissais jetait dans la nuit des lueurs si effrayantes que les chevaliers les plus courageux n’en osaient approcher. Mais, un jour que je me peignais sur mon balcon, tu me vis, tu m’aimas, et tu fis le serment de me délivrer, de rompre