Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/323

Cette page n’a pas encore été corrigée

les couteaux, les verres… tout le tremblement, quoi !… Le reste, c’est moi qui m’en charge.

J’avais, en prononçant leur sentence, ma voix habituelle, ma figure de tous les jours. Ils repartirent en chœur :

— Soit !

Au moment de sortir, je me retournai :

— Ah !… Pour votre gouverne !… Au cas où la faïence aurait besoin d’être rincée, il y a un plein seau d’eau fraîche au chevet du lit.

— Monsieur Précaution ! s’exclama Louarn. Il a pensé à tout.

Ce seau, mon ingénieur, je l’avais empli à la mer, le matin même. J’avais lu, jadis, dans un livre sur les naufrages célèbres, — un des seuls prix que j’aie remportés à Saint-Pol, — que boire de l’eau salée multipliait les tortures de la soif et activait le travail de la mort. Ce détail m’était demeuré dans l’esprit. J’ai la mémoire longue.