Page:Le Braz - Le gardien du feu, 1909.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais un regard d’Adèle dissipait tous ces nuages.

Les reflets de ses yeux produisaient sur moi un effet de vertige qui m’étourdissait l’âme, comme de fixer longtemps le scintillement du soleil sur la mer. Je ne m’appartenais plus, j’étais sa chose. Je pus, à notre messe de mariage, mesurer à quel point elle me possédait. Vainement, je m’efforçai de prier : je ne savais plus ; j’étais comme ces ivrognes qui recommencent toujours leur chanson au même vers et n’arrivent pas plus à en sortir la trentième fois que la première. Il fallait vraiment que je fusse bien changé !

Autre détail non moins significatif. Mes parents, alléguant l’état de leur santé, avaient envoyé leur consentement sur timbre. Or, ma mère, ma propre mère m’était à cet instant devenue si indifférente que son absence n’attrista point mon bonheur.

Sur le soir, pourtant, je fus saisi d’une