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Je m’étais assis au seuil du phare.

— Là ! fit Louarn qui n’était occupé que des paquets, j’ai tout rangé dans la cambuse. Il n’y aura plus qu’à disposer le couvert, ce tantôt… Est-ce que tu as déjeuné, toi ?

— Non. Mais ça ne me dit pas, de manger.

— C’est comme moi. Je me réserve.

Il s’accroupit à mes côtés, à même la roche, parmi les varechs rampants dont on entendait, par intervalles, craquer les capsules d’ambre. Le soleil allait sur midi ; la mer avait encore près de quatre heures à monter : elle s’enflait doucement, s’étirait ainsi qu’une bête paresseuse sous la caresse de la lumière. Mon compagnon roula une cigarette, y mit le feu. Et, après avoir humé quelques bouffées :

— Fait-il assez bon ! Un temps exprès !… Sens-tu ? On dirait que le Raz embaume comme une prairie à la saison des foins… Ç’aurait été trop dommage, vraiment, si elle n’était pas venue.