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Jamais encore, — non, pas même au temps où je me mourais du désir d’Adèle, — jamais je n’avais guetté d’une âme si fervente l’apparition du cotre administratif. Ses cordages n’étaient certainement pas plus tendus que mes nerfs, quand, après avoir doublé les récifs de la Pointe, il laissa porter grand largue sur Gorlébella… Je me précipitai pour aider Louarn à grimper sur la roche.

— Eh bien ?… fis-je, la gorge serrée, la voix rauque.

Il prit une mine déconfite :

— Pas de chance, mon cher !… C’est raté !

Il me sembla que l’îlot vacillait sous moi, que le phare, dans l’air, se balançait ainsi qu’un mât de navire. Je devais avoir les traits affreusement décomposés. D’ignobles injures me montaient aux lèvres comme un vomissement. Elles allaient jaillir. Un éclat de rire de Louarn les contint.

— Tu es par trop naïf, dit-il. Tu ne vois donc pas que c’est une farce ?