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de vin après… Allez querir les outils à la chambre de garde.

Tandis qu’il montait aux étages supérieurs, nonchalamment, marche à marche, avec son éternel balancement d’ours, je m’arrêtais, moi, sur votre palier, mon ingénieur, et j’introduisais la clef dans votre porte. Mes doigts, je l’avoue, tremblaient un peu. Au moment d’entrer, j’eus même un irrésistible mouvement de recul. Avec ma foi dans Adèle, j’avais perdu toutes mes superstitions, — sauf une : celle de l’autorité. Je dus me faire violence pour franchir votre seuil. Cette chambre, pour moi, c’était, dans le phare, comme qui dirait le Saint des Saints. Mes deux hommes avaient défense expresse de s’y aventurer. Moi seul je cirais le parquet, époussetais les fauteuils, revernissais les boiseries. Vous ne l’aviez jamais occupée, à ma connaissance : votre esprit, néanmoins, l’habitait ; je le sentais là, invisible, mais toujours présent et redoutable…