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de chacune de ses maisons. Cette église ? Parfaitement : pendant des années, j’avais prié d’une lèvre fervente, agenouillé dans ce banc d’œuvres. Et cette fontaine, au bas de ce pré ?… Et cette fougeraie, au versant de ce coteau ?… Et le glissement silencieux de la rivière entre ces coudres et ces saules ?… Certes ! certes !… Et après ?… Est-ce que tout cela avait été, à proprement parler, de la vie, de la vie véritable, de la vie vécue ?… Ma vie ? Qu’avais-je à en chercher ici les traces ? N’était-elle pas née avec mon amour pour Adèle Lézurec, la Trégorroise ? Ne venait-elle pas d’être tarie jusqu’en ses sources les plus profondes par sa trahison ?…

Un instant je doutai si je pousserais jusqu’à Kerdannou.

Je m’y acheminai, néanmoins, le lundi soir, à nuit close. Je devrais plutôt dire que je m’y traînai, car ces trois jours et demi de macérations m’avaient exténué. J’avais pris un sentier de traverse qui aboutit derrière