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marche se faisait plus distinct et plus sonore. Peu à peu ce fut comme un ensorcellement, comme une hantise.

Elles tintaient de toutes parts, maintenant, et leur musique était un langage qui signifiait :

— Lève-toi donc, et suis-nous !

Je me levai et je les suivis. Quatre heures plus tard, environ, je reprenais contact avec la terre que je m’étais juré de ne point revoir. J’espérais tressaillir de la seule allégresse qui me fût encore permise, en m’y retrouvant. Je m’aperçus, au contraire, que je n’avais plus rien de commun avec elle. Vainement je la parcourus en tous sens ; vainement, je rôdai par ses champs, ses landes, à la recherche de mon enfance, de mon adolescence, de ma jeunesse. Oh ! ce n’était pas que les choses eussent changé, ni non plus — ou à peine — les êtres. Mais, ceux-ci comme celles-là, qu’ils m’étaient donc devenus indifférents, étrangers !… Ce bourg ? Oui, j’aurais pu dessiner de mémoire la silhouette